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Hommage à Francine Bessac

Publiée le 

3 avril 2020

Pendant la nuit de Pâques 2020, ce 12 avril, Francine nous a quitté.

Elle a dirigé de Grand Chœur pendant 56 ans, depuis son arrivée à Grenoble, jeune professeur de musique au collège/lycée des Eaux Claires et jusqu’en 2016. Certains de ses choristes d’aujourd’hui l’ont connu dès cette époque.


De la musique avant toute chose

Issue d’une famille musicienne, Francine Bessac s’est très vite attachée à la pratique musicale. Elle a privilégié le piano et surtout le chant. Parallèlement à ses études musicales au lycée La Fontaine de Paris et au conservatoire de Versailles, elle découvre à la fois le chant choral et le mouvement A Cœur Joie avec l’ensemble vocal de Philippe Caillard. C’est le début de l’engagement de toute sa vie.

Musicienne talentueuse, elle a participé à de nombreux concerts en tant que soprano soliste, ainsi qu'à la réalisation de disques (dont un enregistrement du Te Deum de Lully, sous la direction de Jean-François Paillard, couronné par un prix du disque 1974).

En 1959, elle est nommée professeur d’éducation musicale à Grenoble.  Et, dès 1960, elle reprend la direction de la Chorale A Cœur Joie de Grenoble. Elle la fait évoluer progressivement vers le grand répertoire classique avec un travail régulier avec des musiciens professionnels. La même année, elle crée l’Ensemble Vocal, qui s’est produit depuis lors de nombreux concerts à l’étranger. Dans les années qui suivent, elle suscite la création de plusieurs autres chorales dans l’agglomération grenobloise parce que le grand élan qui nourrit toute son existence est de faire partager et de transmettre la Joie de la musique, la joie de chanter. Pour Francine tout le monde peut chanter. Pour chacun, musicien confirmé ou novice, elle sait déployer tous les trésors de ses qualités pédagogiques et obtenir le meilleur de chacun.

Avec elle pas d’élitisme mais une exigence qui fait progresser chacun quelque soit son point de départ.

Son empreinte sur la vie culturelle à Grenoble est reconnue unanimement et tous ses choristes étaient là pour la grande fête de son jubilé d’argent à la tête du Grand Chœur, en 1985, où elle a reçu la médaille d’argent de la Direction de la Jeunesse et des Sports, et la médaille d’or de la ville de Grenoble.

Pouvions-nous imaginer alors que nous avions encore 35 années de vie chorale à partager avec elle ?


A Cœur Joie

Elle trouve dans le mouvement A Cœur Joie, fondé par César Geoffray en 1948, le cadre qui correspond à son éthique. Elle lui sera fidèle ; depuis 60 ans elle est l’âme d’ACJ à Grenoble et dans le Dauphiné.

Elle sera fidèle aux rendez-vous des Choralies, à Vaison la Romaine, tous les trois ans, jusqu’à l’été 2019 où l’Ensemble Vocal donnait encore un concert sous sa direction dans l’église St Quenin.

Chœur Régional Arioso, Grand Chœur, Ensemble Vocal, ont vécu de son inlassable énergie pendant toute cette période mais il faut également évoquer les autres chorales créées ou animées au fil des ans par « ses » choristes : Mélusine, Mélisande, Charmant Som et tant d’autres. En complément à son métier de Professeur de musique elle a porté pendant des années les chorales scolaires de Grenoble vers des projets d’envergure.


Le chant a capella et les auteurs contemporains

Pour Francine l’essence du chant choral c’est au premier rang le chant a capella. Elle manifestait un appétit insatiable pour aller à la découverte des auteurs d’aujourd’hui mais elle ne s’interdisait jamais de revenir aux répertoires renaissance, romantique et surtout du XXème et XXIème siècle quelle affectionnait particulièrement. La vie d’un choriste de Francine Bessac c’est la découverte de toutes les époques musicales.

Mais en contrepoint à cette prédilection pour la musique vocale a capella Francine savait relever toutes les propositions de travail avec orchestre. Elle entrainait ses choristes dans de fabuleuses aventures musicales en répondant présent aux projets de la vie musicale grenobloise.

Rappelons la coopération régulière, de 1972 jusqu’à 1996, entre le Centre Musical et Lyrique de Grenoble dirigé par Jean Laisné et l’Ensemble Instrumental de Grenoble sous la houlette de Stéphane Cardon et de Marc Tardue d’une part et Francine et ses chorales d’autre part. Combien de projets musicaux passionnants a-t-elle porté pendant ces vingt-cinq années ? : Passion selon St Jean avec Krivine et avec José Aquino, Requiem de Fauré avec Pierre Cochereau, Messe en Si de Bach, Jeanne au Bucher et le roi David d’Arthur Honegger, le Requiem Allemand de Brahms, les Vêpres de Serguei Rachmaninov

Et qui se souvient du « Rabelais en liesse » de Guy Reibel en 1974, place Saint André et au festival d’Avignon ?

Il faut retenir, au moins, l’enregistrement, en présence d’Olivier Messiaen des trois petites liturgies de la présence divine. Un grand moment de la vie musicale de Francine, qui en a connu tant d’autres.


Lorsque Patrick Souillot invente La Fabrique Opéra et ouvre une nouvelle page de la vie musicale à Grenoble en 2007, c’est encore vers Francine Bessac et son ensemble vocal qu’il se tourne pour former les chœurs de la Flûte enchantée de Mozart, puis la Traviata de Verdi en 2008 et Don Giovanni en 2010.

Cette envie d’aventures musicales, cet enthousiasme à chaque fois renouvelé, a trouvé son épilogue et un nouveau sommet avec la création de L’Enfant au chœur de colombe – Annonciation Oratorio écrit par son ami, l’organiste et compositeur dauphinois, Dominique Joubert et que Francine a dirigé au mois de novembre 2019 à la Cathédrale Notre Dame de Grenoble.

Elle a su faire partager son amour de la musique à sa famille, François Bessac est connu à la direction de l’excellent groupe vocal de jazz « Charlatan Transfer » et ses petits enfants pratiquent la musique également.


Pour beaucoup des personnes qui l’ont croisée, Francine Bessac a été une très belle personne, essentielle et précieuse dans leur vie.


Merci Francine.

Michel Galhaut

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