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Les chœurs et leurs chefs : une relation en pleine mutation !

Dernière mise à jour : 19 avr.

Publication du rapport de la grande étude nationale choral.fr menée par Guillaume Lurton.

Le 21 mars ont été dévoilés au Conseil Economique, Social et Environnemental les résultats de la grande enquête inter associative sur « Les chœurs amateurs et leurs chef·fe·s en France » ; enquête à laquelle est étroitement associée À Cœur Joie.

Rassemblant 40 participants sur place et 80 connections en direct, cette restitution a été l'occasion d'échanges passionants et engagés.


Les membres du collectit Choral.fr

Un projet mené par l’Institut Français d'Art Choral (IFAC), les fédérations À Cœur Joie et Confédération Musicale de Francel’INECC Mission Voix Lorraine , CEPRAVOI / Mission Voix en région Centre-Val de Loirel’ARPA – Occitaniela Cité de la Voix – Bourgogne/Franche-Comté et le laboratoire CEREGE de l’Université de Poitiers.


Le ministère de la Culture (délégation générale à la transmission, aux territoires et à la démocratie culturelle) soutient le projet dans le cadre de sa convention avec l'Institut Français d'Art Choral.






La vidéo de la restitution



Conclusions du rapport

Le rapport complet de l’étude est disponible sur le site www.choral.fr, et nous vous livrons ici un résumé réalisé à partir de la belle conclusion du sociologue Guillaume Lurton (Université de Poitiers) qui a mené le travail d’analyse. Ce résumé n’engage évidemment pas l’auteur.

Nous avons également tenté d’indiquer quelques pistes de progrès d’ores et déjà initiées par À Cœur Joie sur les différents points évoqués. Un travail sera mené par l’association sur la base de ces résultats pour réévaluer le cas échéant certains de ses axes stratégiques.



Permanences et évolution d’un univers musical amateur

L’enquête nationale sur les pratiques chorales amateurs confirme l’originalité du milieu choral et souligne sa profonde transformation sur vingt ans.

Une pratique musicale originale

Dans le paysage des pratiques musicales en amateur, le chant choral s’impose comme une pratique de masse, marquée par des caractéristiques originales. Sur le plan de la démographie des pratiquants, il touche un public très féminisé. Surtout, il dépasse très largement l’horizon d’autres pratiques musicales amateurs qui restent fréquemment attachées à des publics jeunes inscrits dans des logiques d’apprentissage (éducation nationale, écoles de musiques, conservatoire…). Ce versant existe pour le chant choral mais il n’est pas documenté par l’enquête.

La spécificité du milieu étudié ici est précisément de dépasser largement le cadre d’univers pédagogiques et de toucher un public essentiellement adulte, en activité et retraité, dans le cadre d’un milieu associatif largement autonome.

Sur le plan des répertoires, le milieu choral touche à des genres extrêmement divers, l’enquête confirme la permanence de la distribution du milieu choral en trois grandes catégories d’ensembles :

  • spécialisés sur des répertoires dits “classiques”

  • spécialisés sur les répertoires de musiques populaires (musiques actuelles ou traditionnelles)

  • éclectiques.

La possibilité de cet éclectisme semble ressortir comme l’une des conditions permettant de toucher un public large, notamment hors des grands centres urbains.

Les actions d’À Cœur Joie 

L’association fédère, défend et soutient depuis 75 ans les chœurs amateurs associatifs, sans distinction de styles ou de localisation géographique. Nous portons avec d’autres une vision militante de l’implication associative, et de ses bénéfices pour la société dans son ensemble. Cela implique un combat pour la connaissance et la reconnaissance par la société du rôle de la « culture par tous », portée par des bénévoles.


Guillaume Lurton présente l'étude choral.fr 21 mars 2024

Professionnalisation de la direction : un renouvellement générationnel en trompe l’œil?

Des évolutions très largement corrélées touchent la population des chefs de chœurs.

  • Cette population se féminise.

  • De plus en plus de chefs se sont formés au conservatoire ou à l’université.

  • D’autre part, la pratique de la direction se professionnalise. La rémunération du chef est désormais une pratique majoritaire.

Cette évolution découle d’un renouvellement générationnel et devrait s’accentuer dans les années à venir avec le vieillissement des bénévoles restants, et le nombre très limité de jeunes chefs amateurs.

La direction de chœur, comme d'autres professions musicales, est marquée par la pluriactivité et la combinaison d’emplois d’artistes interprètes, d’enseignants et de médiateurs.

Pourtant, il n’est pas certain que ces évolutions garantissent le renouvellement de la population des chefs de chœurs. L’âge moyen des chefs augmente, ainsi que leur âge d'entrée dans la carrière, et la base de la pyramide des âges se resserre depuis 2005. Si les jeunes chefs ont un profil différent de leurs aînés, ils ne sont manifestement pas en nombre suffisant pour compenser le vieillissement de ceux déjà en activité. Les chœurs amateurs le soulignent : ils peinent à trouver des candidats pour les diriger. Cette évolution contrastée soulève des questions quant à l’évolution des pratiques chorales.

Les actions d’À Cœur Joie

Acteur historique de la formation de chefs bénévoles, l’association a relancé un volet de formation à la direction chorale en direction des chanteurs.


 

Quelles perspectives pour les pratiques chorales en amateur ?

Au-delà des transformations constatées du milieu, quelles évolutions futures l’image que dégage l’enquête laisse-t-elle présager ?

Quelle évolution de la population des chefs de chœurs ?

L’enquête établit des constats partiels (augmentation de l’âge moyen des chefs, difficultés des chœurs à recruter) qui soulèvent la question du remplacement des chefs de chœurs.

La question qui se pose est celle de l’équilibre entre différents modèles de direction. La professionnalisation de la direction suffira-t-elle à compenser l’effacement progressif des chefs bénévoles ? Cette professionnalisation doit-elle être la seule voie d’évolution de la direction de chœur ?

Quel modèle de formation pour les chefs de chœurs ?

Les classes de conservatoire jouent désormais un rôle central qu’elles n’avaient pas il y a deux décennies. Sont-elles suffisantes pour alimenter les besoins en direction du milieu amateurs ? Les chiffres interrogent : de 2015 à 2018, 95 Diplômes d’Etudes Musicales en direction délivrés ont été recensés. Même si les DEM ne sont qu’une fraction de l’ensemble des élèves des classes, le décalage avec l’ampleur des pratiques chorales est flagrant.

L’autre question que soulèvent les classes de direction est celle du profil et du devenir de leurs étudiants. Permettent-elles une bonne compréhension des enjeux propres à la pratiques chorale amateur des adultes ? Le rapport au répertoire qu’elles développent correspond-il à la réalité du milieu ? Et vers quelles perspectives de direction orientent-elles leurs étudiants ?

Les modèles de professionnalisation implicites des conservatoires sont en décalage partiel avec la réalité du milieu amateur. Elles correspondent à la perspective de l’interprète travaillant dans un milieu purement professionnel, ou à celle de l’enseignant spécialisé s’adressant en priorité à un public jeune dans le cadre d’une école de musique ou d’un conservatoire. Cette tendance à vraisemblablement contribué à dynamiser les pratiques chorales juvéniles au cours des dernières décennies, mais on l’a vu, les pratiques chorales amateurs reposent également sur un autre modèle.


Les actions d’À Cœur Joie

Dans le cadre du collectif qui a porté cette enquête, une réflexion est menée sur la définition d’un outil de certification des compétences spécifiques à la direction d’amateurs, permettant de valoriser les chefs qu’ils soient rémunérés ou non.


Quel modèle de professionnalisation de la direction ?

Les conditions de la professionnalisation portée par le milieu le plus proche des professions musicales (statuts de l’enseignement spécialisé, intermittence du spectacle), semblent clairement différentes de celles du reste du milieu associatif.

Les conditions de rémunération de la direction sont-elles amenées à converger ? La multiplicité des rôles de chef (à la fois artiste, pédagogue, animateur, médiateur…), comme celle des univers où se déploie le chant choral (milieu associatif, enseignement spécialisé, milieu de l’animation socio-culturelle…) contribue sans doute à la diversité des pratiques de rémunérations. Il n’est pas exclu de voir perdurer une coexistence entre profils de professionnalisation distincts.

Quelle dynamique des pratiques chorales ?

Le modèle porté par les fédérations d’éducation populaire pendant plusieurs décennies reposait d’abord sur le rôle moteur de chefs bénévoles souvent issus du rang des choristes. La professionnalisation semble distendre le lien tissé entre chefs et ensembles. Les groupes dirigés par des professionnels ont moins souvent été fondés par leur chef, et voient leur direction changer plus fréquemment. La notion même de recrutement inverse la dynamique du milieu en faisant désormais reposer la pérennité du milieu choral sur l’existence de groupes constitués qui rechercheraient des chefs.

Le renouvellement de la population des chefs est-il suffisant pour répondre aux attentes des chœurs en recherche de chefs ? Symétriquement, quelles dynamiques sont aujourd’hui à l’origine de la création de nouveaux chœurs qui assureraient le renouvellement des ensembles ? Quel rôle les chefs professionnels jouent-ils dans ce cadre ? Quels autres acteurs, ou institutions se substituent au rôle militant des chefs bénévoles d’éducation populaire ?


Les actions d’À Cœur Joie 

L’association développe des ressources et un accompagnement pour les responsables de chœur, aujourd’hui appelés à jouer un rôle moteur dans la vie des ensembles, dont le projet n’est plus toujours défini et porté par un chef permanent.

 

Quels enjeux de connaissance du milieu choral ?

Si l’enquête éclaire de nombreuses évolutions du milieu choral, elle révèle également des points aveugles de notre connaissance de ces pratiques. Trois chantiers de recherches :

Connaissance des choristes amateurs adultes

Un premier enjeu déterminant à explorer est celui du profil des choristes. Deux séries de questions demandent à être explorées ici.

  • L’évolution de la population des choristes. Assiste-t-on à un vieillissement et a un étiolement des pratiques chorales ? Ou à un renouvellement ?

  • La sociographie des choristes. Quels sont les déterminants socio-professionnels et géographiques de la pratique chorale ?

Connaissance des formations à la direction

Quelles formations à la direction pour quels chefs et quelles pratiques chorales ? L’enquête souligne que quelque soit leur profil, les chefs considèrent que leur formation n’était que partiellement en adéquation avec la réalité de la pratique de la direction auprès d’amateurs. Au delà de la diversité vraisemblable des situations, la prise en compte ou non des enjeux propres à la pratique amateur demanderait à être documenté plus précisément.

Connaissance des pratiques chorales juvéniles

L’enquête présentée dans le cadre de ce rapport explore les pratiques chorales amateurs hors de tout cursus pédagogique. Les pratiques chorales des enfants et adolescents sont donc largement invisible dans ces résultats. Elles sont pourtant un versant important du monde choral. Une connaissance plus fine de ces pratiques, des formes qu’elles prennent, des enjeux qu’elles soulèvent en termes d’encadrement et de formation… serait importante pour compléter la présente enquête.

Réflexion sur les outils de suivi du milieu choral

Dernier enjeu essentiel, celui des outils d’observation du milieu choral. L’enquête et ses conditions de passations ont révélé la perte sur vingt ans d’outils de suivi du milieu choral amateur. Cette évolution se traduit par une difficulté accrue à documenter ces pratiques et leurs évolutions. Le paysage choral que dessine l’étude est riche, mais cet aperçu demande à être prolongé, complété. Des points aveugles restent à explorer.


En savoir plus


 

On en parle sur France Inter : "le téléphone sonne" 18 avril 2024

Suite à la publication du rapport “les choeurs amateurs et leurs chefs en France”, l’émission phare de France Inter, “le téléphone sonne” a été consacrée le 18 avril au chant choral amateur.


Guillaume Lurton (sociologue) et Marie-Noëlle Maertens (cheffe de chœur) ont répondu aux questions des auditeurs.

L’émission a permis de faire entendre l’importance du chant choral dans la vie artistique, culturelle et sociale de ses pratiquants, grâce à de beaux témoignages de choristes et de chefs. Quelques enjeux un peu plus structurants ont pu être approchés par Guillaume Lurton. À Coeur Joie a évidemment été cité à plusieurs reprises, ainsi que nos partenaires du projet.







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